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Ce fut à Zemmora que coula ma jeunesse, Dès ma petite enfance, entourée de tendresse. Dix-neuf ans de ma vie, qui m'ont vu apparaître Élève en mon école, avant d'y être maître. Je referme les yeux, grisé de souvenirs, Écrasant une larme, étouffant un soupir.
Je revois tout là-haut, surplombant le village, La voie ferrée étroite, où chaque jour s'engage Un tortillard poussif, au bruit obsessionnel : Il franchit le viaduc, plonge dans le tunnel, Haletant et fumant, après un sifflement Sinistre et prolongé, un avertissement.
Je revois les forêts ceinturant le village, Plantées de conifères, donnant au paysage Un caractère grandiose et immensément beau. Je vois la Grotte du Lion, au seuil d'un boqueteau, Qui fut ainsi nommée, car elle fut autrefois La tanière d'un fauve. J'ai ai frémi parfois,
Imaginant la bête, tapie, prête à bondir Sur l'innocent badaud venu pour s'ébaubir. Je revois l'aloès qui bordait les chemins, La Placette de l'Église, dans ces petits matins Insolents de soleil, à l'ombre des mûriers Des deux eucalyptus, et de ses oliviers.
J'évoque ses maisons aux persiennes baissées, Son Église, sa Mosquée, côte à côte dressées, Symbole de tolérance et de coexistence Que je livre à un monde en pleine effervescence. Zemmora est resté, malgré temps et distance Zemmora : mon village, berceau de mon enfance.
146 - M.B - 03.12.1997
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