NOSTALGIE

À mesure que les ans se sont appesantis,
Le présent cesse d'être projection ambitieuse
Vers un futur que rivent des rêves aboutis.
Il est quête confuse et parfois laborieuse

D'un passé qui charrie des souvenirs lointains.
Souvent, je rentre en moi, dans mon mémorama,
Afin d'y retrouver ma bande de copains.
Pour moi seul, je me fais mon propre cinéma :

Le cadre est immuable, rien n'a changé depuis,
Le film a pris des rides. L'image récurrente
Recouvre mon écran. Tandis que je poursuis
Mes repères de l'enfance, mon émotion augmente.

Revoilà mes parents, qui me couvent des yeux,
Avec dans le regard, une infinie tendresse.
J'entends qu'ils m'interpellent et leur murmure joyeux
M'effleure doucement, ainsi qu'une caresse.

Revoilà ma maison, tant de fois évoquée,
La rue de mon quartier, caillouteuse et pentue
Et près de ma maison, l'imposante mosquée
Faisant face à l'église, dont la flèche pointue

Se dresse vers les cieux, divine collusion.
Mais c'est déjà la fin : l'écran s'est obscurci,
L'image s'est voilée comme pure illusion.
Subsiste le regret, un regret adouci

Par l'instant de bonheur né de cette évasion,
En des lieux que jamais je ne puis retrouver
Avec autant de joie, autant de précision,
Complices d'un passé qui sait les raviver.

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